« J’ai mis trois ans pour écrire Rapatriés. Je l’ai écrit pour connaître la fin. »

Mis à jour le dimanche 6 mai 2018

Le romancier haïtien Néhémy Pierre-Dahomey, lauréat du prix carbet 2018, est venu rencontrer ses lecteurs au lycée Bertène Juminer le mardi 24 avril.
Son premier roman, Rapatriés, raconte avec beaucoup d’humour, d’énergie et de cruauté l’histoire d’une famille haïtienne embarquée dans une vie sauvage et intense où le tumulte est ordinaire.
Devant une classe d’élèves de première littéraire enthousiaste et curieuse, il a répondu aux nombreuses questions des élèves qui ont permis d’aborder de nombreux thèmes.

 L’inspiration :

  • « Au mot inspiration, je préfère les mots couvaison ou fermentation. »
  • « J’ai mis trois ans pour écrire Rapatriés. Je l’ai écrit pour connaître la fin. »
    Le style d’écriture :
  • « Je pratique un réalisme attentif, j’observe ce qui est sans juger. On parle parfois de réalisme merveilleux au sujet de certains écrivains américains comme Garcia Marquez. Mais des évènements merveilleux se produisent parfois dans la vie réelle. Le réalisme et le merveilleux ne sont pas incompatibles. Moi, je suis attentif à ce qui paraît merveilleux, mais qui est bien réel. Et puis, même les choses les plus ordinaires sont merveilleuses quand on les regarde avec attention. »
  • « Dans une même phrase je peux employer des mots familiers et des mots très soutenus parce que j’écris comme je vis. »
  • « Il n’y a pas de mots difficiles, il n’y a que des mots rares qui demandent à être connus. Il n’y a pas souvent besoin de chercher les mots dans le dictionnaire, vous n’avez jamais cherché dans un dictionnaire les mots avec lesquels vous parlez, et pourtant vous les comprenez et vous les utilisez. »

L’engagement dans la littérature :

  • « Je ne suis pas engagé dans le sens où j’aime les nuances. »
  • « La littérature n’est pas une antichambre du journalisme, c’est l’intelligence émotionnelle qui est importante. La beauté de la langue, l’ironie, la verve ; c’est ça le travail. »

L’oubli et l’abandon :

  • « Je ne sais pas pourquoi il y a autant d’abandons dans Rapatriés, je ne l’ai pas fait exprès. C’est peut-être parce que pour vivre, il faut savoir toujours tout abandonner. »
  • « Je n’ai pas parlé de Luciole à la fin du roman parce que je l’ai oubliée en écrivant le livre. Les personnages sont plus ou moins puissants. »

La religion :

  • « Je ne suis pas antireligieux, je taquine. J’ai été antireligieux autrefois parce que mon père était pasteur. Je suis convaincu que les gens prient tout simplement parce que c’est beau. Ils savent très bien que ça ne fonctionne pas, mais ils ressentent la beauté de la prière. Ils ont raison de prier. »

A la fin de la rencontre, l’auteur s’est livré à une séance photo avec ses plus ferventes admiratrices.
 
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